Mairie de Novillars

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Papeterie

Histoire de L'usine de Novillars

Fabrication de la pâte au bisulfite de calcium à Novillars

Suite au rattachement de l’Alsace à l’Allemagne après la guerre de 1870, l’industriel Jean-Baptiste Weibel, propriétaire d’une usine de pâte à bois à Kaysersberg (68), décide d’établir une usine de papeterie sur le territoire français.

En 1881, il achète des terrains situés entre la ligne de chemin de fer et la rivière du Doubs. Cette même année, il dépose un brevet pour l’élaboration de papier alimentaire ingraissable à base de bisulfite de chaux.

Il fonde la société dénommée Fabrique de cellulose et usine à papier Jean-Baptiste Weibel et Cie, comptant parmi ses actionnaires M. LAMY, directeur de la papeterie Zuber Rieder et Cie à Boussières (25).

Dès l’ouverture de l’usine, en 1882 ou 1883, de nombreuses constructions sont enregistrées au cadastre et ce, jusqu’en 1886 : atelier de la machine à papier, local de la machine à vapeur, cheminée, divers logements d’ouvriers et de contremaîtres, et deux cités ouvrières, dont une au lieu-dit Chemontey.

La cellulose est produite à partir de bois de résineux, selon le procédé de Mischerlisch (addition d’acide sulfureux). Une partie de la production annuelle, soit 1 500 tonnes, est transformée en papier sur place, le reste étant vendu à d’autres papeteries.
Un quai de déchargement est aménagé en amont sur le Doubs.

En 1889, Jean-Baptiste Weibel fonde la Société Anonyme des Papeteries Bisontines (SAPB) et établit à Besançon, aux Prés-de-Vaux, une usine de fabrication de papier, où fonctionnent jusqu’à six machines à papier qui utilisent une partie de la cellulose produite à Novillars.
Celle-ci poursuit néanmoins la fabrication de papier pour l’emballage et, dès le début du 20e siècle, de papier alimentaire (Superblanc, Superalba, Novalba).

En 1889, « une salle à papier » est aménagée avec une seconde machine à papier et un presse-pâte.

De nouvelles installations sont enregistrées sur la matrice cadastrale en 1901 et 1902 : fours et magasins à soufre, magasins, ateliers des autoclaves, bâtiment de lavage et bassins, cité de contremaîtres à la Cude.

En 1909, un incendie détruit l’atelier de menuiserie. L’année suivante, de nouvelles constructions sont achevées : un bâtiment de délayage de la chaux, un magasin à papier et un réfectoire.

En 1925, une cité ouvrière pour 76 ménages, dite Cité Lehmann, est construite sur des terrains acquis sur la commune de Vaire-le-Petit.
Dans le même temps, une autre cité voit le jour sur la commune voisine de Roche-lez-Beaupré.

Un magasin coopératif avec logements est attesté en 1928 à proximité de la cité de la Cude, tandis qu’une salle de cinéma est édifiée en 1929.

Un nouvel atelier de fabrication est reconstruit le long de la voie ferrée entraînant l’établissement de bassins de décantation, d’un transporteur à charbon, d’un hangar à pâte et d’ateliers pour les lessiveurs. Il abrite à l’Ouest la machine à papier n°6 et à l’Est l’atelier de préparation de la pâte comprenant 14 piles raffineuses.

Dans les années 1940, la production annuelle atteint 23 000 tonnes.
En 1976, l’usine produit annuellement 24 000 tonnes de pâte à papier et autant de papier.

Le Syndicat des ouvriers de l’usine de Novillars est créé en 1890 (contremaîtres et surveillants en sont exclus).
D’importantes grèves sont organisées en 1936, 1950 et 1968.
Une caisse de secours mutuel est fondée par Mme Weibel en 1910.
Une coopérative est attestée en 1938.

En 1889, la papeterie emploie près de 1 000 personnes, dont 600 à Novillars. En 1923, l’usine emploie 458 ouvriers.
Pendant le 3e quart du 20e siècle, l’usine emploie entre 350 et 400 ouvriers selon les périodes.

L’usine était desservie par un embranchement ferroviaire particulier et par une voie navigable.

L’usine produit des papiers blancs et notamment du cristal et de l’ingraissable.

Papeterie

« Tant que la cheminée fumera »

Les vicissitudes de la papeterie de Novillars à travers les notes d’un délégué CGT.

« En juin 1981 une nouvelle réunion des délégués syndicaux a lieu au siège à Paris. Nous organisons ce déplacement avec trois cars de salariés. Dans les soutes, nous chargeons des bobineaux de papier blanc et rose pour les dérouler autour du siège et des échantillons à distribuer aux passants. Ce jour-là, un certain nombre de salariés voient pour le première fois la Tour Eiffel.

Réunion très houleuse. Désaccord total. Nous voulons parler de la poursuite de l’activité et le PDG, du plan social : il est même prêt à céder l’usine pour le franc symbolique. Je pose alors un franc sur la table et me voici propriétaire de la papeterie pour une heure. Quittant la salle à la fin de cette réunion, le PDG me rappelle pour me dire que j’ai oublié mon argent! »

 Depuis son enfance, Marcel LANDRY vit à Novillars où il habitait dans les cités ouvrières de la papeterie. Son père y était ouvrier-papetier, Marcel le fut de 1967 à 2003, et un de ses fils travaille aujourd’hui dans l’entreprise. Chaque page de ce livre est un témoignage de sa vie de travailleur et de militant.